GAUDÍ
G Experiència est le seul espace d’exposition du monde consacré à Antoni Gaudí, où vous pourrez accéder à toute la vie et l’œuvre de l’architecte catalan en format interactif.
INTRODUCTION
La vie et l’œuvre d’un architecte innovant
Saviez-vous que la Sagrada Familia n’est pas le seul projet inachevé de Gaudí ? Et que 7 de ses œuvres ont été déclarées Patrimoine Mondial de l’Humanité ?
G Experiència regroupe, de façon digitale et interactive, la vie et l’œuvre de l’architecte catalan, depuis sa naissance en 1852 à Reus jusqu’à sa mort à Barcelone, à l’âge de 74 ans. De grands panneaux interactifs en 9 langues (catalan, espagnol, anglais, français, allemand, italien, russe, japonais, chinois) vous permettront de découvrir sa vie, son œuvre et ses projets. Vous pourrez aussi voir une maquette du Parc Güell et une autre de l’Hôtel Attraction de New York, projet qui n’a finalement pas vu le jour.
Voulez-vous savoir ce que vous trouverez à l’exposition ? Voici quelques pistes, comme la biographie d’Antoni Gaudí et ses œuvres.
« G Experiència est non seulement une expérience contemplative, mais une expérience immersive totale dans laquelle tous les sens et toutes les dimensions sont impliqués. »
JOSEP MARIA MAINAT Y TONI CRUZ
Idée et promoteurs – Crumain Iniciatives
ŒUVRE ARCHITECTONIQUE
Un examen des travaux de Gaudí
Savez-vous que la Sagrada Familia n’est pas le seul projet inachevé d’Antoni Gaudí ? Savez-vous combien d’œuvres Gaudí a réalisé pour la famille Güell ? Savez-vous combien de ses bâtiments sont à caractère religieux?
Voici les œuvres architectoniques d’Antoni Gaudí que vous trouverez à Gaudí Experiència. Voulez-vous découvrir tout cela en utilisant la technologie interactive la plus avancée ? Venez, touchez, connaissez son œuvre et jouissez de Gaudí Experiència.
Liste des 27 œuvres
Écoles de la Sainte Famille
(1908-1909)
Carrers Sardenya et Provença. Barcelone
L’Association des Dévots de Saint-Joseph, l’organisation qui avait promu plusieurs décennies plus tôt le projet de la Sainte Famille, demande en 1908 à Antoni Gaudí de créer un édifice destiné à abriter les écoles des enfants de la paroisse. La nouvelle construction sera édifiée sur les terrains où devrait être construite plus tard la façade de la Passion du temple, raison pour laquelle on prévoira de la démonter. Malgré le caractère provisoire et les dimensions modestes du projet, Gaudí fera des écoles un petit chef-d’œuvre qui sera admiré par de célèbres architectes tels le rationaliste Le Corbusier qui sera émerveillé en 1928 par sa beauté et par sa fonctionnalité. Les écoles seront détruites pendant la guerre civile et seront reconstruites à la fin de celle-ci. Déplacées aujourd’hui de quelques mètres pour faciliter les travaux de la Sainte Famille, elles abritent un petit musée.
Les écoles de la Sainte Famille se constituent d’un seul bâtiment dont l’intérieur est divisé en trois salles. Elles sont construites en brique, un matériau bon marché et idéal compte tenu du budget très limité qui a été alloué au projet. Les principales curiosités de l’ensemble sont la forme ondulée des murs et de la toiture, une disposition originale qui permet à Gaudí de doter les écoles d’une plasticité suggestive tout en leur donnant une grande solidité structurelle. Le profil ondulé de la toiture constitue une solution magistrale pour évacuer les eaux de pluie.
Crypte de la Colonie Güell
(1908-1914)
Carrer Claudi Güell. Santa Coloma de Cervelló (Baix Llobregat)
Eusebi Güell demanda en 1898 à Antoni Gaudí de construire une église pour la colonie textile qu’il avait fondée en 1890 dans les environs de Barcelone. L’architecte conçut un projet ambitieux fruit de deux années d’étude qui lui permirent de créer une innovatrice maquette stéréostatique du temple. La première pierre fut posée en octobre 1908, mais Gaudí abandonna les travaux six ans plus tard, en octobre 1914, lorsque le projet s’avéra inviable du point de vue économique pour les Güell. L’église aurait dû se composer d’une nef inférieure et d’une nef supérieure comptant des flèches de 40 mètres de haut, mais Gaudí n’avait construit à ce moment que la première – la crypte – nom sous lequel l’église serait populairement connue.
Bien qu’inachevée, l’église de la Colonie Güell est considérée comme un des chefs d’œuvre de Gaudí, qui annonce un nombre important des solutions structurelles que l’architecte utilisera dans la Sainte Famille. Le porche d’entrée de la crypte se constitue de colonnes inclinées et de voûtes paraboloïdes hyperboliques, utilisées ici pour la première fois dans l’histoire de l’architecture. Cette forme géographique insolite se répète sur les murs du temple, au profil étoilé, dans lesquels s’ouvrent de grands vitraux combinant des croix et des formes végétales. Les murs comme le porche présentent des détails ornementaux de trencadís, avec des motifs végétaux et religieux. Gaudí conçut un espace ouvert à l’intérieur de la crypte grâce à l’utilisation de piliers inclinés en pierre et en brique. Sur ces colonnes, les arcs en chaînette et les nervures qui soutiennent le plafond constituent un des panoramas les plus spectaculaires de l’univers de Gaudí.
Tour Damià Mateu, La Miranda
(1906-1907)
Carrer Major. Llinars del Vallès (Vallès Oriental)
La Miranda est le nom populaire qui désigne une tour mirador construite entre 1906 et 1907 à une des extrémités de la résidence secondaire que l’industriel Damià Mateu i Bisa possédait à Llinars del Vallès, à proximité de la riera de Giola. La construction fut un cadeau de Mateu à son épouse qui l’utiliserait comme atelier de couture et lieu de rencontre avec ses amies. Le rez-de-chaussée servait également de remise. On ne conserve aujourd’hui qu’un dessin du projet de La Miranda, qui est signé par un disciple de Gaudí, Francesc Berenguer i Mestres. Ceci dit, certains éléments de l’ensemble font penser aux spécialistes que le propre Gaudí participa aux travaux et, par conséquent, que cette œuvre est le résultat d’une collaboration entre les deux, comme pour les caves Güell du Garraf.
La tour, qui compte trois étages et a une forme cylindrique, était construite en brique et maçonnerie. Le mirador supérieur était recouvert d’une coupole revêtue de céramique trancadis bleue et blanche qui rappelle celle du manège de la propriété Güell. Un mur d’enceinte très semblable à celui de la propriété Miralles entourait le domaine des Mateu de part et d’autre de la tour. L’enceinte était flanquée d’une porte d’entrée constituée d’une grille en fer forgé simulant un filet de pêche comme celle des caves Güell. La Miranda serait très détériorée en 1939, à la fin de la guerre civile, lorsqu’un camion de l’armée républicaine qui battait retraite et transportait du TNT explosa devant le bâtiment. Le bâtiment fut démoli en 1962 après plusieurs années d’abandon. On ne sauva que la grille de la porte d’entrée qui a été installée au parc Güell.
Casa Milà, La Pedrera
(1906-1910)
Passeig de Gràcia, 92. Barcelone
La Pedrera est le dernier grand ouvrage civil entrepris par Antoni Gaudí. Il s’agit d’une maison d’habitation monumentale projetée sur le passeig de Gràcia de Barcelone pour Pere Milà et son épouse, Roser Segimon, qui s’installeront à l’étage principal et utiliseront les étages supérieurs à des fins de location. Gaudí utilisera des techniques de construction révolutionnaires afin de s’adapter d’une façon flexible aux besoins changeants d’un immeuble abritant de nombreux locataires. L’utilisation d’une structure faite de piliers et de poutres maîtresses combinée avec une façade autoporteuse, sans charges, permet d’obtenir des étages dans lesquels il est possible d’éliminer et de redistribuer les murs selon les besoins. Cette utilisation magistrale de l’espace annonce clairement la surface ouverte, qui est propre à l’architecture rationnelle des années vingt. En outre, Gaudí distribue les étages d’une façon fonctionnelle autour de deux grands patios de lumière qui assurent un excellent éclairage.
Au-delà des innovations structurelles, ce qui attire le plus l’attention de la Casa Milà est sa façade en pierre ondulée aux surprenantes formes courbes, qui font penser aux plis d’une montagne ou d’une falaise. L’audacieux aspect extérieur de l’ouvrage suscitera une grande polémique lorsqu’il sera achevé. C’est ainsi qu’il fera l’objet de nombreuses plaisanteries telles que le fait d’être comparé à une carrière (« pedrera » en catalan), nom sous lequel il sera populairement connu. De leur côté, les grilles originales en fer forgé que Gaudí concevra pour les balcons n’échapperont pas non plus aux moqueries en tout genre. Les autres espaces insolites de La Pedrera sont le grenier, avec ses arcs en chaînette en brique qui évoquent les côtes d’une baleine, et, au-dessus de ce dernier, une fantastique terrasse qui serpente sur différents niveaux et qui intègre des cages d’escalier, des ventilateurs et des cheminées qui constituent de véritables sculptures organiques.
Gaudí abandonne les travaux de la Casa Milà en 1910, date à laquelle la construction de base a été achevée, suite à un conflit l’opposant à ses promoteurs qui refusent sa proposition de couronner l’édifice d’une immense sculpture de la Vierge. Pere Milà et Roser Segimón posent également de nombreuses objections aux idées de l’architecte concernant la décoration de l’intérieur, même s’ils finissent par accepter ces propositions qui seront exécutées dans les années suivantes par des collaborateurs de Gaudí. C’est ainsi que seront achevés les plafonds singuliers en plâtre, les peintures murales brillantes des halls ou le carrelage hydraulique intégrant des références marines créé par Gaudí.
Jardins de Can Artigas
(1905-1906)
Camí la Pobla - Clot del Moro. La Pobla de Lillet (Berguedà)
En 1905, Antoni Gaudí passa quelques jours à La Pobla de Lillet afin de superviser la construction du pavillon du Catllaràs. L’architecte résida au domicile du fabricant textile Joan Artigas i Alart et, pour remercier ce dernier de son hospitalité, lui offrit un croquis d’aménagement des jardins qu’il possédait à la Font de la Magnèsia, à côté de l’usine Artigas. Quelques mois plus tard, Gaudí envoya à La Pobla quelques ouvriers qui travaillaient au parc Güell afin d’aider les maçons locaux à terminer les jardins.
Agrémentés d’une série d’escaliers et de ponts en pierre et en ciment, les jardins Artigas proposent une promenade de part et d’autre d’un étroit défilé creusé par le Llobregat. Différents éléments telle qu’une tonnelle, une grotte et plusieurs fontaines, qui sont pleinement intégrés dans le paysage et sont décorés avec des animaux représentant les quatre évangélistes, invitent le visiteur au repos et à la contemplation de la nature.
Pavillon du Catllaràs
(1905)
Pista forestal de la serra del Catllaràs. La Pobla de Lillet (Berguedà)
La première usine de ciment Portland de Catalogne, qui fut construite par un groupe d’industriels dirigés par Eusebi Güell, fut inaugurée en juillet 1904 au lieu-dit Clot del Moro situé dans la commune de Castellar de n’Hug, sur la rive du Llobregat. Cette usine était alimentée par du charbon extrait dans des mines situées à proximité, dans le piémont pyrénéen de Catllaràs. Güell chargea Antoni Gaudí, en 1905, de projeter un pavillon de montagne destiné à loger les ingénieurs qui travaillaient dans cette exploitation minière.
Le pavillon du Catllaràs est une construction simple, mais qui porte l’empreinte de Gaudí. Il se constitue d’une seule voûte parabolique, une solution idéale pour supporter les neiges de haute montagne et qui rappelle les caves Güell du Garraf. L’aspect original du bâtiment, intégralement recouvert de ciment, disparut lorsque le revêtement fut remplacé par des tuiles d’ardoise. Le double escalier circulaire que Gaudí conçut pour accéder aux différents étages du refuge disparut également il y a de nombreuses années.
Atelier des frères Badia
(1904)
Carrer Nàpols. Barcelone
Antoni Gaudí construirait entre les mois d’août et de décembre 1904 l’atelier des frères Josep i Lluís Badia i Miarnau, des forgerons qui avaient travaillé dans différents ouvrages de l’architecte sous les ordres de Joan Oñós et qui s’établirent à leur compte à la mort de ce dernier. L’atelier, qui disparut il y a plusieurs dizaines d’années, était un modeste hangar industriel de petites dimensions, mais recouvert d’un intéressant toit ondulé qui annonçait la solution que Gaudí choisirait quelques années plus tard pour les Écoles de la Sainte Famille. C’est dans cet atelier que les frères Badia réalisèrent certaines des réalisations en fer forgé les plus brillantes des œuvres de Gaudí comme les grilles des balcons de la Pedrera.
Sala Mercè
(1904)
La Rambla, 122. Barcelone
La Salle Mercè fut inaugurée sur la Rambla de Barcelone en novembre 1904. Il s’agit d’une salle de cinéma promue par le peintre Lluís Graner i Arrufí et conçue par son ami Antoni Gaudí au rez-de-chaussée d’un immeuble existant. Cette salle d’une capacité de 200 personnes était utilisée pour projeter des créations propres obtenues avec le nouveau cinématographe et pour mettre en scène des tableaux musicaux ainsi que des combinaisons de théâtre, de musique et de peinture dirigées par les plus célèbres metteurs en scène catalans de l’époque. Le spectacle était complété au sous-sol par des dioramas disséminés dans une grotte artificielle.
Gaudí exécuta la rénovation complète du local qui disparaîtrait en 1916 lors d’un changement de propriétaire. On n’a pas conservé le moindre document graphique ni de l’entrée, qui comprenait un écriteau en fer forgé de la salle, ni du hall d’entrée, ni de la grotte souterraine que certaines chroniques décrivent comme étant un hommage aux grottes d’Artà que l’architecte visita pendant la restauration de la cathédrale de Majorque. Dans la salle de projection, dont on a conservé quelques photos, Gaudí privilégia la conception rationnelle afin de faciliter la vue de la scène, notamment en prévoyant l’inclinaison du parterre. Il réduisit la décoration au strict minimum afin de ne pas distraire l’attention du public. On peut néanmoins y observer des détails intéressants sur les murs comme une frise à décoration végétale et le plâtre rugueux des murs et des plafonds qui améliorait l’acoustique tout en donnant un aspect de grotte à la salle.
Restauration de la cathédrale de Majorque
(1904-1914)
Plaça de la Seu. Palma de Majorque (îles Baléares)
Début 1902, l’évêque de Majorque, Pere Joan Campins i Barceló, chargea Antoni Gaudí de la restauration de la cathédrale de Palma de Majorque. La rénovation impliquait la réparation de la façade du temple gothique, qui avait fort souffert d’un tremblement de terre survenu en 1851, et l’aménagement de l’espace intérieur. L’architecte se rendit plusieurs fois sur l’île, dans les années 1902 et 1903, et présenta son projet de restauration en octobre 1903. Les travaux commencèrent en 1904 et se déroulèrent en différentes phases jusqu’en 1914, date à laquelle Gaudí abandonnerait le projet suite à une discussion qui l’opposa à l’entrepreneur avant de commencer le travail de la façade.
L’intervention de Gaudí à l’intérieur de la cathédrale de Majorque révèle la grande maîtrise de l’espace et l’audace de l’architecte. Insensible aux critiques éventuelles et dans le but de dégager les perspectives et de rendre le temple plus ouvert et propice à la liturgie, Gaudí démonta le chœur gothique situé au milieu de la nef centrale pour l’installer sur les côtés du presbytère où il démonta à son tour les retables et une tribune. Après avoir obtenu une perspective visuelle unifiée, qui favorise le dialogue entre l’officiant et les fidèles, l’architecte rénova la disposition de l’autel et le couvrit d’un nouveau baldaquin qui, bien qu’étant en principe un modèle provisoire devant être remplacé par une version définitive qui ne serait jamais réalisée, est un joyau de l’art de Gaudí.
Maison Batlló
(1904-1906)
Passeig de Gràcia, 43. Barcelone
Entre la fin 1904 et le début 1906, Antoni Gaudí construirait sur le Passeig de Gràcia, la principale artère barcelonaise ouverte dans la seconde moitié du XIXe siècle, à la demande de l’industriel Josep Batlló i Casanovas, ce qui passe incontestablement pour un de ses principaux chefs-d’œuvre. Malgré ce qu’on pourrait croire à première vue, la maison Batlló ne fut pas une nouvelle construction, mais la restauration d’un bâtiment existant. Ceci dit, Gaudí transforma radicalement son aspect en rénovant l’intérieur et les façades, et utilisa des formes et des couleurs tellement originales que le bâtiment deviendrait une icône du paysage de Barcelone dès le jour où il fut achevé.
La façade de la maison Batlló est une explosion de la fantaisie propre à Gaudí qui a donné lieu à d’innombrables interprétations. On a comparé ses formes ondulées aux vagues de la mer et la décoration faite de céramique et de verre qui lui donne de la couleur à la faune et aux algues marines. D’autres voient dans cette décoration une allusion aux confettis du carnaval, idée renforcée par les fantastiques grilles en fonte des balcons qui ressemblent à des masques vénitiens. Ces balcons ont également été comparés à des crânes qui ont été considérés, au même titre que les surprenantes colonnes en forme d’os de la tribune de l’étage principal, comme des représentations des victimes du dragon de la légende de saint Georges. Ce dragon serait à son tour symbolisé par le toit recouvert de céramique représentant des écailles et d’où surgit une tour couronnée d’une croix à quatre bras, qui serait identifiée avec l’épée de saint Georges tuant l’animal.
Toutes interprétations mises à part, la façade principale de la maison Batlló contient un ensemble de trouvailles structurelles et formelles qui se reproduisent dans le reste du bâtiment, comme les cheminées fantaisistes de la terrasse qui rappellent des champignons, la façade arrière avec un trencadis aux formes naturelles et géométriques, ou encore l’excellent patio de lumière dans lequel Gaudí régule la dimension des fenêtres et la couleur du revêtement céramique dans une combinaison progressive qui favorise l’illumination de tout l’espace intérieur.
Grille et porte d’entrée de la propriété Miralles
(1901-1902)
Passeig Manuel Girona, 55-61. Barcelone
Entre 1901 et 1902, Antoni Gaudí créa le mur d’enceinte et le portail de la propriété que son ami Ermenegild Miralles i Anglès, éditeur et fabricant de carreaux en carton, possédait dans l’ancienne commune de Sarrià, qui serait absorbée en 1921 par la ville de Barcelone. L’architecte exécuta la grande enceinte, dont seule une petite partie est conservée aujourd’hui, à l’aide d’un mur en pierre et d’une grille métallique aux profils ondulants. L’enceinte s’unit au portail à travers un arc polylobé sinueux d’où s’ouvrent deux portes, l’une pour les charrettes et l’autre pour les piétons, qui présentent également d’originales formes courbes. Ces deux accès sont protégés, sur toute la longueur du portail, par deux grandes marquises constituées de tuiles en fibrociment représentant une carapace de tortue. L’ensemble est complété par deux excellents exemples du travail que Gaudí a réalisé avec le fer forgé : la grille de la porte pour piétons et la croix à quatre bras qui couronne le portail.
Maison Bellesguard
(1900-1909)
Carrer Bellesguard, 16-20. Barcelone
Antoni Gaudí bâtit une maison familiale ayant l’aspect d’un singulier château gothique sur le versant du Tibidabo, dans l’ancienne commune de Sant Gervasi de Cassoles. Il s’agit de la maison que Maria Sagués i Molins lui demanda de construire en 1900 sur la propriété où le roi Martí l’Humà possédait au XVe siècle une tour appelée Bellesguard en raison des belles vues qu’elle offrait. L’architecte utilisa quelques vestiges originaux sur lesquels il réalisa un hommage architectural au glorieux passé médiéval catalan. Portant manifestement l’empreinte de Gaudí, la maison Bellesguard intègre de multiples références à l’art gothique telles que des arcs polylobés, des fenêtres et des portes de balcon géminées et des merlons qui accentuent sa physionomie de château. Construit en pierre et brique et revêtu d’une innovatrice mosaïque en pierre, le bâtiment est couronné par une grande tour arborant les bandes du drapeau catalan et par une croix à quatre bras. À l’intérieur, on remarquera le hall éclairé par une baie vitrée en forme d’étoile et le grenier semblable à celui qu’il construisait à cette époque dans la maison Battló.
La propriété de Bellesguard comptait également un viaduc élancé que Gaudí avait construit en 1908 pour enjamber le torrent Betlem. L’architecte abandonnerait les travaux de la maison l’année suivante, alors qu’il restait encore quelques détails à terminer, ce que ferait son disciple Domènec Sugrañes i Gras en 1917.
Parc Güell
(1900-1914)
Carrer d’Olot. Barcelone
L’industriel Eusebi Güell acquit, en juillet 1899, une vaste propriété sur la Montaña Pelada de Barcelone dans le but d’y construire un complexe immobilier de luxe en pleine nature et avec vue sur la ville, fondé sur le modèle des cités-jardins qui étaient construites à cette époque en Angleterre. Son idée était de diviser le terrain en 72 parcelles sur lesquelles chaque client devrait construire sa maison. Güell confia l’urbanisation de la propriété et la construction des espaces communs à Gaudí, qui se mit à l’ouvrage en 1900. Il vendit la première parcelle deux ans plus tard, mais ne parviendrait pas à vendre les autres malgré les efforts de Güell. Au vu de l’échec de l’opération commerciale, Gaudí abandonna le chantier en 1914 après avoir terminé les services de base du complexe. La ville de Barcelone racheta le parc Güell neuf ans plus tard et le transforma en parc public.
Si le parc Güell fut un échec commercial, c’est incontestablement une des œuvres architecturales et urbanistiques les plus réussies et célèbres de Gaudí, qui avait atteint la cinquantaine et sa maturité artistique. L’architecte dessina à l’intérieur de la propriété un réseau de chemins pleinement intégrés dans l’environnement, qui comprenaient de fantastiques viaducs et porches destinés à compenser la différence de niveau. Gaudí avait prévu différents accès au parc, mais n’en construirait que l’entrée principale flanquée de deux pavillons destinés l’un au concierge et l’autre aux services, qui présentent des formes douces aussi surprenantes que suggestives. Passée l’entrée, un escalier monumental présidé par une fontaine en forme de dragon mène aux espaces centraux du parc. Il s’agit d’une part de la salle hypostyle, un espace comprenant 86 colonnes d’inspiration grecque qui avait été conçu pour abriter le marché et, d’autre part, de la grande place que Gaudí avait entourée d’un banc insolite et ondulant, recouvert de trancadis réalisés par son collaborateur Josep Maria Jujol.
Casa Calvet
(1898-1899)
Carrer Casp, 48. Barcelone
La Casa Calvet fut construite pour les fils du fabricant textile Pere Màrtir Calvet, qui installèrent au sous-sol et au rez-de-chaussée l’activité fondée par leur père, tandis que l’étage principal fut réservé à l’occupation des propriétaires et les étages supérieurs à la location. Cet ensemble d’habitations constitue une des œuvres les moins audacieuses de Gaudí, avec une façade symétrique qui rappelle une construction modeste des premières années du mouvement moderniste. Seule l’observation attentive des détails permet de saisir le trait de génie de l’architecte. On soulignera la porte d’entrée, qui est flanquée de colonnes imitant des bobines de fil et d’un original heurtoir en fer forgé avec une croix qui heurte une punaise, symbole de la foi qui écrase le péché. L’entrée principale est surmontée de la tribune bigarrée du premier étage qui contient des représentations sculpturales de fleurs et de champignons, un blason de la Catalogne et des références à l’hospitalité (un cyprès), à la paix (une branche d’olivier) et à l’abondance (deux cornes d’abondance). Pour terminer, il faut également souligner le couronnement de la façade qui se constitue de trois bustes de martyrs et de deux balcons en fonte qui annoncent ceux de la Casa Battló.
L’intérieur du bâtiment possède également une décoration baroque, très visible dans le hall, mais Gaudí s’est surtout concentré sur la distribution fonctionnelle des espaces. C’est ainsi, par exemple, qu’il plaça le patio de lumière à côté de l’escalier de sorte à obtenir de meilleures perspectives visuelles. Cette solution est un des aspects dont tiendra compte le jury du concours annuel des bâtiments artistiques de Barcelone, qui décernera le prix à la maison Calvet en 1900, date de sa première édition.
Caves Güell
(1895-1900)
Route Barcelone-Valls. Sitges (Garraf)
Il s’agit d’un ensemble de deux bâtiments construits à la Quadra del Garraf, une propriété acquise en 1872 par Eusebi Güell où il élaborait des vins pour les bateaux de la Companyia Transatlàntica. Antoni Gaudí y construisit entre 1895 et 1900, en collaboration avec son assistant et disciple, Francesc Berenguer i Mestres, un bâtiment destiné à servir de cave et un autre au logement du concierge. Construit en pierre et en brique, ce dernier présente sur un côté une voûte parabolique qui sert de porte d’entrée à la propriété tout en soutenant un escalier qui mène à la guérite. La porte se ferme à l’aide d’une grille en fer imitant un filet de pêche.
L’autre construction, la cave proprement dite, est une des œuvres les plus fascinantes de Gaudí. Construite intégralement en pierre, elle possède un surprenant profil triangulaire car le toit à deux versants donne également de la forme aux murs. À l’intérieur, la cave au sous-sol supporte trois étages : un étage faisant office de remise, un autre servant d’habitation pour l’administrateur et l’étage supérieur – la chapelle – ouvert sur un côté avec une terrasse offrant une vue sur la mer. La cave, qui présente des cheminées d’une grande plasticité, est reliée par deux ponts paraboliques à l’ancien mas médiéval de la propriété.
Constructions pour la Coopérative ouvrière de Mataró
(1874-1885)
Carrer de la Cooperativa. Mataró
Pendant sa jeunesse, entre 1873 et 1885, Antoni Gaudí maintint une étroite relation professionnelle et d’amitié avec Salvador Pagès i Anglada, un industriel du secteur textile proche des postulats du socialisme utopique, qui avait fondé en 1864 la Coopérative ouvrière de Mataró, installée d’abord dans le quartier de Gràcia puis, à partir de 1874, à Mataró. Gaudí participa de façon intense à la planification des installations de la coopérative en collaboration avec l’architecte Emili Cabañes et l’ingénieur Joan Brunet. Il signa le plan d’ensemble des constructions et rédigea le projet de certains bâtiments tels que deux baraques destinées aux ouvriers (construites entre 1878 et 1879), un casino (projet de 1878 qui ne serait jamais exécuté), un pavillon abritant des urinoirs et la salle de blanchiment des toiles.
Le pavillon et la salle sont les deux seules constructions qui subsistent de nos jours. La première est un petit pavillon cylindrique qui présente de nombreux motifs en céramique. La salle de blanchiment, construite entre 1882 et 1885, est un grand bâtiment aux finitions simples, mais qui se distingue par l’utilisation des traditionnelles voûtes paraboliques de Gaudí, qu’il utilisera ici pour la première fois, créées avec des structures en bois montées avec des boulons.
Travaux au Parc de la Ciutadella
(1875-1882)
Parc de la Ciutadella. Barcelone
Pour financer ses études d’architecture, Antoni Gaudí travailla en qualité de dessinateur pour le maître d’œuvre Josep Fontserè i Mestre, également issu d’une famille originaire du Camp de Tarragona. Fontserè dirigea, entre 1873 et 1887, les travaux du nouveau Parc de la Citadelle de Barcelone, qui accueillerait l’Exposition universelle de 1888, ainsi que de ses alentours et notamment la construction du marché du Born.
La collaboration de Gaudí dans le cadre du Parc de la Citadelle ne se limita pas à dessiner des projets de Fontserè car il y apporta également ses propres conceptions. C’est ainsi que, dans le cadre de la cascade monumentale du parc, qui fut construite entre 1875 et 1882, il dessina les pavillons qui permettent d’accéder à la terrasse, la décoration des murs de l’aquarium et la grotte. Il créa également la balustrade en pierre de la placeta d’Aribau datant de 1875, qui est décorée avec des têtes de lion, et, l’année suivante, les candélabres de fer arborant le blason de Barcelone de la grille d’entrée. Gaudí réalisa également le réservoir de régulation de la grande citerne qui approvisionnait le parc en eau, un projet complexe qui lui permit de réussir la matière de Résistance des matériaux sans devoir se présenter à l’examen.
Casa Vicens
(1883-1888)
Carrer de les Carolines, 24. Barcelone
La Casa Vicens est la première commande importante que reçut Antoni Gaudí juste après avoir terminé ses études d’architecture. Cette commande fut passée par Manuel Vicens i Montaner, qui voulait construire une résidence d’été sur un terrain familial situé à Gràcia, ville qui n’avait pas encore été absorbée par Barcelone. Gaudí présenta son projet en 1880, mais les travaux ne commenceraient pas avant 1883 et se prolongeraient jusqu’en 1888.
Gaudí dessina un logement d’une structure simple à quatre étages, encore bien loin des lignes courbes et des innovations architecturales de ses créations ultérieures, mais qui se distingue par une décoration spectaculaire avec des espaces fascinants comme la salle à manger et le fumoir. L’explosion de couleur des détails ornementaux, largement influencés par l’art arabe et oriental, fait de la Casa Vicens un clair précurseur du mouvement moderniste.
À l’origine, la Casa Vicens était adossée à un couvent et était entourée d’un superbe jardin. En 1925, après que le couvent eut été abattu, l’architecte Joan Baptista i Serra agrandit la maison en respectant largement l’ouvrage original. Le jardin, par contre, finit par disparaître au fil du temps et cette disparation emporta avec elle une fontaine monumentale en voûte parabolique créée par Gaudí.
Temple expiatoire de la Sainte Famille
(1883-1926)
Carrers Mallorca, Marina, Provença et Sardenya. Barcelone
L’œuvre la plus connue de Gaudí, qui est devenue le symbole de Barcelone dans le monde entier, est un temple fastueux auquel l’architecte consacra plus de la moitié de sa vie. Il commença à diriger les travaux à la fin 1883, à 31 ans, et remplaça Francesc de Paula del Villar i Lozano, auteur d’un premier projet dont seule une partie de la crypte avait été construite. À sa mort en 1926, Gaudí y travaillait encore et n’avait achevé que la crypte et l’abside, une partie du cloître et la façade de la Nativité. Le processus de construction du temple est toujours en cours aujourd’hui.
Gaudí transforma radicalement le projet néogothique initial de Francesc de Paula del Villar et conçut un temple monumental aux dimensions gigantesques et insolites, dans lequel tant la distribution des espaces que l’abondante décoration sculpturale constituent une véritable bible en pierre, un poème mystique qui professe et explique la foi catholique. Quand il sera achevé, le temple comptera cinq nefs entourées d’un cloître déambulatoire avec une abside abritant sept chapelles à l’extrémité nord et trois façades sur les autres flancs : la Nativité, la Passion et la Gloire, qui est la façade principale. Chaque façade comprendra quatre flèches au profil parabolique, qui représentent les douze apôtres, et sur l’abside et le transept, six tours supplémentaires symboliseront les quatre évangélistes, la Vierge Marie et Jésus. La flèche de Jésus, sur la lanterne, sera la plus haute avec 170 mètre de haut.
Au-delà du travail symbolique et ornemental, la Sainte Famille est également l’œuvre dans laquelle Gaudí rassembla toutes les trouvailles architecturales et structurelles de sa carrière. La structure du temple s’élève sur un plan réticulé modulaire au moyen de piliers inclinés bifurquant comme les branches d’un arbre et couverts par des nefs paraboloïdes, une combinaison idéale pour soutenir le poids important de cette imposante construction.
Villa Quijano, El Capricho
(1883-1885)
Barrio de Sobrellano. Comillas (Cantabrique)
Gaudí projeta la construction, à proximité du Palais de Sobrellano du marquis de Comillas, d’une résidence d’été connue populairement comme El Capricho (Le Caprice) pour un parent du marquis, Máximo Díaz de Quijano. La villa fut construite entre 1883 et 1885 sous la direction de l’architecte Cristóbal Cascante i Colom, tandis que Gaudí supervisait tout le processus depuis Barcelone.
Le Capricho est une construction relativement petite, sur trois étages, dans laquelle la distribution des pièces s’adapte à la pente du terrain. Elle rappelle par son aspect néo-mudéjar la Casa Vicens que Gaudí construisait en même temps dans la ville de Gràcia. On signalera surtout le jeu chromatique de l’extérieur, qui combine la pierre à la base de la villa avec des murs en brique jaunâtres et rougeâtres et un toit de tuiles vitrifiées. À l’entrée principale, un porche de quatre colonnes aux chapiteaux décorés de fleurs et de colombes soutient la tour de l’édifice tel un minaret musulman. La tour est recouverte de carreaux de faïence qui représentent des feuilles vertes et des tournesols, motif qui est reproduit sous forme de frises sur les murs. L’intérieur du bâtiment présente de subtils détails décoratifs avec de fréquentes allusions à la musique, une des passions de Díaz de Quijano. C’est ainsi, par exemple, que Gaudí imagina un ingénieux système pour les fenêtres du grand salon de l’étage principal, qui produisait un son de clochettes lors de leur ouverture et fermeture.
Pavillons de la finca Güell
(1884-1887)
Avinguda de Pedralbes, 15. Barcelone
Fin 1883, Eusebi Güell ajouta de nouveaux terrains à la grande propriété qu’il avait reçue en héritage à la limite des anciennes villes de Sarrià et Les Corts, et commença à la transformer en une résidence d’été. L’industriel chargea Gaudí de rénover le manoir et de construire l’enceinte de la propriété en concevant les portes et les pavillons d’accès correspondants. Ce fut la première collaboration d’envergure entre Güell et Gaudí à laquelle l’architecte mettrait fin en 1887. Cette rénovation du manoir ne fut pas conservée lorsque cet édifice fut transformé en nouveau Palais royal de Barcelone, entre 1919 et 1924. En outre, une partie importante de l’enceinte allait disparaître au fur et à mesure que la ville de Barcelone gagnerait du terrain sur l’ancienne propriété Güell. Ceci dit, on conserve malgré tout de nos jours, dispersées dans la nouvelle trame urbaine, trois portes secondaires et la superbe entrée principale, qui est flanquée d’un pavillon de conciergerie et d’un autre pavillon réservé aux écuries et à un manège.
Les pavillons de la propriété Güell sont un petit chef-d’œuvre dans lequel Gaudí reproduit l’esthétique néo-mudéjar de ses premières œuvres, mais en y introduisant des éléments qui reflètent son étape de maturité comme les arches et les voûtes paraboliques et les coupoles hyperboliques. En ce qui concerne les aspects ornementaux, il faut souligner l’utilisation combinée – à l’extérieur – de la brique, des panneaux préfabriqués en ciment et d’un revêtement céramique. Ceci étant, le détail qui attire le plus l’attention est la grille en fer forgé de la porte cochère, qui représente un des passages mythologiques décrits dans l’Atlàntida par le poète Jacint Verdaguer, un ami de Güell et Gaudí. Cette grille impressionnante représente Ladon, le dragon mythologique qui veillait sur les oranges d’or du jardin des Hespérides.
Palais Güell
(1886-1890)
Carrer Nou de la Rambla, 3-5. Barcelone
Achevé quand Gaudí avait à peine 38 ans, le Palais Güell est le couronnement de l’étape de jeunesse de l’architecte et reflète sa maîtrise absolue de l’utilisation de l’espace architectural. Fasciné par le jeune architecte, Eusebi Güell lui confia en 1885 la construction de sa résidence au centre de Barcelone, sans la moindre limitation économique. Gaudí répondit à sa demande en concevant de façon minutieuse une œuvre exubérante et soignée dans les moindres détails.
Conçue comme logement, mais également comme lieu de rencontre social, le Palais Güell s’articule autour d’un salon central haut de trois étages et couronné par une coupole parabolique aux réminiscences célestes. Cet espace imposant servait aussi bien de salle de concert que d’oratoire familial grâce à une armoire originale renfermant un autel. Gaudí distribua les pièces du palais autour de cette salle d’une façon tout à fait fonctionnelle et créa des jeux de perspective qui donnaient des airs de grandeurs à un édifice qui, en réalité, occupait un terrain de relativement petite dimension.
Abstraction faite du salon central, le Palais Güell se distinguait tout particulièrement par ses écuries et sa terrasse. Les écuries se trouvent au sous-sol où les voûtes et les colonnes fongiformes en brique apparente constituent une icône de l’œuvre de Gaudí. De même, l’aiguille de la terrasse, une projection du salon vers l’extérieur, et les vingt cheminées qui l’entourent, considérées comme des pièces sculpturales, annoncent les idées que l’architecte développerait plus tard dans la Casa Battló et La Pedrera.
Cure et atelier de la Sainte Famille
(1887-1912)
Carrers Sardenya et Provença. Barcelone
Au fur et à mesure qu’avançaient les travaux de la Sainte Famille, Gaudí construisit sur les terrains du temple quelques bâtiments auxiliaires, de caractère provisoire, qui, en dépit de leur modestie, révélaient des signes caractéristiques de l’œuvre de l’architecte. Le premier bâtiment, qui fut terminé en 1887, était la cure, un logement en brique à deux étages, surmonté d’un clocher. En 1906, le curé s’installa dans un autre bâtiment, construit à côté du premier, qui comprenait un oratoire dans la partie supérieure et une anagramme en trencadís de la Saint Famille sur la façade. Gaudí installa alors son studio dans le vieux bâtiment où il passerait les derniers mois de sa vie. Les deux bâtiments seraient agrandis au fil des années à l’aide de nouvelles annexes. En juillet 1936, dans le cadre des émeutes anticléricales qui se produisirent lors de l’éclatement de la guerre civile, un incendie ravagea le studio et la cure et provoqua la perte non seulement des bâtiments, mais également des archives de Gaudí et notamment de nombreux plans et maquettes de ses projets.
Pavillon de la Companyia Transatlàntica
(1888)
Passeig Marítim. Barcelone
Claudi López i Bru, deuxième marquis de Comillas et beau-frère d’Eusebi Güell, demanda à Antoni Gaudí de concevoir le pavillon de la Companyia Transatlàntica, le principal consortium de navires transocéaniques d’Espagne, pour l’Exposition universelle de Barcelone de 1888. Il ne demanda pas à Gaudí d’édifier un nouveau pavillon, mais d’adapter et de rénover un pavillon existant, qui avait été conçu par Adolfo García Cabezas pour l’Exposition navale de Cadix de 1887. Le travail de l’architecte fut néanmoins considérable et le pavillon rénové serait pratiquement une nouvelle construction avec de nombreuses références à l’art nasride. Gaudí y ajouta quatre tours avec des créneaux, des hampes avec des drapeaux, des persiennes avec des jalousies en bois et une entrée imitant la cour des lions de l’Alhambra de Grenade.
Situé dans la section maritime de l’Exposition universelle, ce pavillon ne serait pas démonté à la fin de l’Exposition et serait conservé pendant une grande partie du XXe siècle avant d’être démoli pour construire l’actuelle promenade maritime de Barcelone.
Collège des Thérésiennes
(1875-1882)
Carrer de Ganduxer, 85-105. Barcelone
Antoni Gaudí prit en charge les travaux de l’école et du siège central de l’ordre religieux des Thérésiennes à Sant Gervasi de Cassoles, localité qui fait partie aujourd’hui de Barcelone. La construction du collège avait commencé l’année précédente selon le projet d’un autre architecte qui abandonna alors que seules les fondations avaient été construites. Gaudí respecta le plan du projet initial, mais modifia l’aspect du bâtiment et en fit une des ses créations les plus personnelles.
Contrairement à une grande partie des œuvres de Gaudí, le collège des Thérésiennes fut construit avec peu de moyens afin de s’adapter aussi bien aux ressources économiques limitées de la congrégation qu’au vœu de pauvreté des religieuses. Tirant le meilleur parti possible de matériaux économiques, Gaudí conçut le collège comme un château néogothique original, avec une façade combinant la pierre et la brique qui donnait un résultat très esthétique et qui abritait de nombreux symboles religieux tels que des anagrammes de Jésus-Christ, des écussons carmélites, des croix à quatre bras situés sur les tours angulaires et des toques de docteur sur les merlons en référence à sainte Thérèse. Les traditionnelles voûtes paraboliques de Gaudí sont également présentes sur la façade, concrètement sur les fenêtres et sur le porche d’entrée qui est fermé par une élégante grille en fer forgé. Les voûtes se répètent à l’intérieur de l’édifice, dans les couloirs qui entourent le patio de lumière et qui constituent un des espaces les plus suggestifs de l’œuvre de l’architecte.
Palais épiscopal d’Astorga
(1889-1893)
Plaça d’Eduardo Castro. Astorga (Castille et León)
Suite à l’incendie qui ravagea l’ancien palais épiscopal d’Astorga en décembre 1886, l’évêque d’Astorga, Joan Baptista Grau, proposa aux autorités ecclésiastiques et ministérielles de confier la reconstruction du nouveau palais à son ami Antoni Gaudí. L’architecte présenta le projet correspondant en août 1887, mais les travaux ne commenceraient pas avant juin 1889 à cause de certaines réticences et de nombreuses formalités bureaucratiques. Gaudí se rendit une dizaine de fois à Astorga afin de superviser les travaux, mais dirigea les travaux principalement depuis Barcelone où il avait entrepris d’autres projets. Agacé par la succession d’obstacles posés sur son chemin par les autorités, l’architecte abandonna les travaux en novembre 1893, quelques semaines après le décès de son ami Grau. L’édifice était pratiquement achevé à l’exception de la toiture qui serait terminée entre 1907 et 1915 par un autre architecte qui exécuterait une solution très différente de celle qu’avait prévue Gaudí.
Le palais épiscopal est un bâtiment de style néogothique qui a été construit en granit de la région du Bierzo dans le souci de l’intégrer à son environnement et de ne pas porter ombrage à la cathédrale d’Astorga. Sa structure est assez conventionnelle : elle est bâtie sur un plan de croix grecque avec des arcs brisés et des croisées d’ogives, typiques de l’architecture gothique. Elle présente toutefois quelques traits qui reflètent l’originalité de Gaudí tels que les voûtes du porche d’entrée, les cheminées qui se prolongent comme des minarets, le fossé qui éclaire le sous-sol ou la disposition de l’espace intérieur qui rappelle le Palais Güell.
Casa Fernández y Andrés, Casa Botines
(1891-1892)
Plaça de San Marcelo. León (Castille et León)
En 1891, les commerçants Simón Fernández et Mariano Andrés demandèrent à Antoni Gaudí de créer le nouveau siège de la société Fernández y Andrés, à León. L’entreprise se consacrait principalement à l’activité bancaire, mais vendait également des tissus qu’elle achetait à Eusebi Güell, la personne qui recommanda l’architecte. Gaudí présenta le projet en décembre 1891. Les travaux commencèrent immédiatement, furent exécutés en un temps record et se terminèrent en novembre 1892. Le nouveau bâtiment allait très vite recevoir le nom populaire de Casa Botines, en souvenir de Joan Homs i Botinàs, le commerçant catalan établi à León qui avait fondé la société avant qu’elle ne prenne le nom de Fernández y Andrés.
La troisième et dernière œuvre réalisée par Gaudí à l’extérieur du territoire catalan est, à l’instar du Palais épiscopal d’Astorga, une réinterprétation personnelle de l’art gothique adaptée aux conditions environnantes. C’est ainsi que les façades sont construites en pierre calcaire capitonnée, qui rappelle également l’architecture renaissance, très présente à León, tandis que le toit et les quatre tours cylindriques sont en ardoise, un matériau idéal pour les zones exposées aux chutes de neige et que Gaudí n’utilisera que dans ce projet. L’intérieur de l’édifice se distingue par la présence, au rez-de-chaussée, de piliers en fer forgé, qui permettent de disposer d’une surface ouverte pouvant s’adapter aux besoins changeants d’un espace réservé aux magasins et aux bureaux commerciaux. Il s’agit du même système innovateur que Gaudí appliquerait quelques années plus tard à La Pedrera.
PROJETS NON- RÉALISÉS
Découvrez les choses que l’assurance ne connaît pas
Savez-vous qu’Antoni Gaudí se fit déjà remarqué par ses professeurs de projets pendant ses études d’architecture ? Et qu’il créa un monument pour l’espace public de Barcelone ? Savez-vous qu’il projeta un gratte-ciel pour héberger un hôtel à New-York ?
Voilà tous les projets non-réalisés de Gaudí que vous trouverez à G Experiència. Voulez-vous découvrir tout cela en utilisant la technologie interactive la plus avancée ? Venez, touchez, connaissez son œuvre et jouissez de cette expérience fantastique.
Liste des 12 projets
Missions franciscaines
(1892-1893)
Tanger (Maroc)
Vers la seconde moitié de 1891, Antoni Gaudí accompagna le second marquis de Comillas, Claudi López i Bru, lors d’un voyage en Andalousie et en Afrique du Nord où ils visitèrent les villes de Ceuta et de Tanger. Claudi López avait l’intention de financer la construction de missions des pères franciscains à Tanger et Gaudí, après avoir étudié le terrain, élabora un projet pendant les années 1892 et 1893. La proposition de Gaudí fut approuvée en octobre 1893 par la Congrégation capitulaire de Tanger, mais ne serait finalement pas réalisée, probablement à cause des troubles que la première guerre du Rif provoqua dans la région et sans doute aussi à cause des problèmes économiques que Claudi López connaissait à l’époque.
Le projet de Gaudí, dont on n’a conservé qu’un seul plan, était très ambitieux et annonçait quelques-unes des solutions qu’il utiliserait plus tard comme les treize flèches très semblables à celles qui seraient construites dans la Sainte Famille. Les missions devaient être constituées d’une église centrale entourée de cours et d’autres dépendances, notamment des écoles et un hôpital, qui devaient être cernées par un mur d’enceinte circulaire doté de portes paraboliques et de fenêtres hyperboloïdales.
Façade du Sanctuaire de la Miséricorde de Reus
(1903)
Plaza del Santuari de la Misericòrdia, s/n. Reus (Baix Camp)
Antoni Gaudí se rendit à Reus, au printemps 1903, en compagnie de quelques collaborateurs afin de présenter au conseil d’administration du sanctuaire de la Miséricorde un projet de rénovation de la façade du temple Renaissance dédié à la patronne de la ville. La proposition de l’architecte, dont on ne conserve que quelques croquis, prévoyait la construction d’un porche monumental surmonté d’une grande sculpture de la Vierge. Le conseil du sanctuaire approuva l’idée de Gaudí en juillet 1903 et la ville concéda le même mois le permis nécessaire pour commencer les travaux. Les travaux seraient néanmoins paralysés, alors qu’ils venaient à peine de commencer, à cause d’un conflit opposant les résidents à la municipalité qui rendrait le projet inviable. C’est ainsi que Gaudí ne put pas réaliser le seul ouvrage qu’on lui confia dans sa ville natale.
Pavillon Graner
(1904)
Carrer de la Immaculada, 44-46. Barcelone
Le peintre et impresario Lluís Graner i Arrufí confia à Antoni Gaudí, en plus de la rénovation de la salle de cinéma Mercè de la Rambla, la construction de sa maison de Sant Gervasi de Cassoles, dans l’actuel quartier barcelonais de La Bonanova. L’architecte conçut un pavillon aux formes douces, couronné par une croix à quatre bras, à mi-chemin entre les pavillons d’entrée du parc Güell et la maison Batlló dont il avait commencé la construction. Les travaux commencèrent, mais le projet fut paralysé à cause des problèmes économiques que connut Lluís Graner. On ne construirait donc que l’enceinte et la porte d’entrée du jardin, deux éléments en pierre et aux formes sinueuses qui disparurent il y a de nombreuses années.
Monument à Jacques Ier
(1907)
Plaça de Ramon Berenguer el Gran. Barcelone
Antoni Gaudí se voit offrir en 1907 la possibilité de créer un monument en l’honneur de Jacques Ier dans le quartier de la cathédrale de Barcelone, dans le cadre de la commémoration du septième centenaire de la naissance du roi de la couronne d’Aragon, qui doit se dérouler en 1908. L’architecte présente une proposition allant au-delà d’une simple statue et impliquant d’importantes transformations urbanistiques. Profitant du fait qu’il était prévu d’ouvrir une nouvelle rue dans le quartier, la future Via Laietana, Gaudí suggère de créer également une nouvelle place pour y installer le monument. Il propose également d’apporter des modifications importantes aux couronnements des édifices des alentours comme la cathédrale ou la chapelle Santa Àgueda. Le plan ambitieux de Gaudí n’est pas accepté, mais, curieusement, les autorités créeront quelques années plus tard, à l’endroit proposé par l’architecte, une place dédiée à un aïeul de Jacques Ier, le comte de Barcelone Raymond Bérenger le Grand.
Hôtel Attraction
(1908)
Manhattan. New York (États-Unis d’Amérique)
En mai 1908, deux financiers américains de passage à Barcelone demandent à Antoni Gaudí de construire un hôtel sur l’île de Manhattan. L’architecte est séduit par l’idée et réalise quelques premiers croquis. S’il avait été exécuté, cet hôtel aurait été une des œuvres les plus spectaculaires de Gaudí. Le projet sera néanmoins abandonné à cause des complications financières et techniques de la construction qui aurait duré plus d’une décennie.
En effet, Gaudí envisageait de faire de l’édifice une attraction touristique monumentale, haute de 360 mètres, qui intégrerait un corps central gigantesque où seraient distribués les espaces destinés aux visiteurs : cinq étages avec restaurants dédiés à chacun des cinq continents, différents étages réservés aux expositions et aux loisirs et, tout en haut, au neuvième étage, la salle Hommage à l’Amérique, un grand espace de 125 mètres de haut, semblable à une version agrandie du salon central du Palais Güell, recouvert d’une lanterne qui servirait de mirador privilégié sur New York et couronné à l’extérieur d’une immense étoile. Il avait prévu de construire autour de ce bâtiment central huit annexes présentant des façades semblables à celle de La Pedrera et dans lesquelles seraient distribuées les chambres de l’hôtel. Il aurait doté les neuf tours de l’ensemble de formes paraboliques semblables à celles du projet de la crypte de la Colonie Güell.
Monument à Torras i Bages
(1916)
Carrer Sardenya. Barcelone
À la mort en février 1916 de Josep Torras i Bages, évêque de Vic et ami intime d’Antonio Gaudí, l’architecte dirige la réalisation d’un buste du prêtre en prévision de l’hommage qui doit lui être rendu en avril suivant. La sculpture est exécutée par son collaborateur Joan Matamala i Flotats. Une fois l’hommage réalisé, Gaudí l’emporte à la Sainte Famille dans l’intention de l’installer dans un grand monument dédié à l’évêque à côté de la façade de la Passion. Gaudí fait un croquis du projet, qui ne sera jamais exécuté, tandis que le buste de Torras i Bages sera détruit dans l’incendie qui ravagera l’atelier de la Sainte Famille en 1936.
Monument à Prat de la Riba
(1917-1918)
Castellterçol (Vallès Oriental)
Antoni Gaudí tenait en haute estime Enric Prat de la Riba, le premier président de la Communauté de Catalogne. Après le décès du journaliste et homme politique en août 1917, l’architecte réalise un croquis d’un monument à sa mémoire, mais il renonce très vite au projet. Plusieurs mois plus tard, un disciple et collaborateur de Gaudí, Lluís Bonet i Garí, récupère l’idée et présente en octobre 1918 un projet de monument destiné à Castellterçol, la ville natale de Prat de la Riba. La proposition de Bonet i Garí, qui ne sera pas non plus exécutée, prévoyait la construction de deux porches avec, au milieu de ceux-ci, une tour décorée en fer forgé et arborant le drapeau catalan. Ce projet, clairement inspiré de Gaudí, avait probablement été récupéré dans les croquis originaux de l’architecte.
Chapelle de l’église d’Alella
(1883)
Alella (El Maresme)
Antoni Gaudí passa quelques étés à Alella, dans une villa que possédait son client Manuel Vicens i Montaner, qui l’avait chargé de construire la Casa Vicens de Gràcia. Il conçut une armoire et une cheminée pour cette résidence d’été.
Lors d’un de ses séjours passés à Alella, Gaudí reçut la mission de construire la chapelle du Saint-Sacrement de l’église paroissiale de Sant Fèlix. Il présenta le projet en juillet 1883. La chapelle, d’inspiration gothique, dotée d’un autel et d’un retable, devait intégrer une série d’éléments inspirés de l’Apocalypse tels que sept vitraux contenant des images des anges du Jugement dernier que Gaudí utiliserait également dans la Sainte Famille. La chapelle ne serait pas construite malgré qu’elle reçut en 1886 l’approbation de l’évêque de Barcelone.
Travaux d’étude
(1875-1878)
Travaux d’étude
Le génie d’Antoni Gaudí avait été largement démontré dans les travaux qu’il réalisa dans le cadre des projets associés à ses études d’architecture. Bien que ces œuvres n’eussent pas été prévues pour être construites, Gaudí les conçut de façon exhaustive en soignant les moindres détails. Ce sont des projets qui annoncent la monumentalité et le symbolisme de l’œuvre future de l’architecte, dans le cadre du style néomédiéval qui était à la mode à cette époque.
Les projets soumis par Gaudí à l’évaluation de ses professeurs incluent une porte de cimetière (septembre 1875) qui représente, aussi bien dans la conception que dans la décoration, le livre de l’Apocalypse du Nouveau Testament ; une cour pour la Diputació de Barcelona (octobre 1876) avec une lucarne en fer et en métal qui rappelle celle du marché du Born, alors en construction ; un somptueux embarcadère royal pour un lac (novembre 1876) ; une fontaine monumentale destinée à la plaça de Catalunya de Barcelone (juin 1877) avec des éléments similaires à ceux de la cascade du Parc de la Ciutadella, à laquelle Gaudi collabora ; et, comme projet de fin d’études, un grand amphithéâtre universitaire (janvier 1878). Gaudí commença également les projets d’un hôpital général pour Barcelone et d’un pavillon destiné à la Centennial Exhibition de 1876 à Philadelphie, mais ces projets ne nous sont pas parvenus et nul ne sait s’il les a terminés.
Kiosque Girossi
(1878)
Kiosque Girossi
Le commerçant Enric Girossi présenta en mai 1878 à la municipalité de Barcelone la proposition d’installer en ville une vingtaine de kiosques combinant des urinoirs publics avec des postes de vente de fleurs. Gaudí réalisa le projet du kiosque modèle, qui comptait une base en marbre, des colonnes et une marquise en fer, et de grandes baies vitrées. Le projet du jeune architecte intégrait des idées ingénieuses comme l’installation d’asperseurs sur les colonnes afin d’arroser les plantes ou l’utilisation des baies vitrées pour y apposer des publicités. Bien qu’il fût approuvé par la municipalité de Barcelone, ce projet ne serait jamais exécuté étant donné que son promoteur fit faillite.
Réverbères du passeig de Mar
(1880)
Passeig de Mar (actuel Passeig de Colom). Barcelone
Il s’agit de réverbères électriques monumentaux que Gaudí conçut afin de les installer sur le passeig de Mar, face au port de Barcelone, lorsque la démolition de la muraille de la mer, qui avait commencé en avril 1878, serait terminée. Il réalisa son projet en collaboration avec l’ingénieur Josep Serramalera i Aleu, un ancien compagnon d’étude qui devait se charger de l’exécution et qui présenta en mars 1880 le projet à la ville de Barcelone, laquelle finirait pas le rejeter.
Gaudí réalisa deux projets différents de réverbères. Le premier, plus simple, prévoyait de les poser sur des bases circulaires en pierre et de les surmonter d’une couronne comtale et d’un support à flambeaux d’où pendraient des drapeaux. Le second projet, beaucoup plus ambitieux, consistait en des réverbères gigantesques, de plus de 20 mètres de haut, conçus en hommage aux gloires navales catalanes. Montés sur de grandes jardinières, ces réverbères devaient supporter des bannières représentant les principaux amiraux et les batailles les plus importantes de l’histoire de la Catalogne.
Pavillon Graner
(1882)
Carrer de la Immaculada, 44-46. Barcelone
Le peintre et impresario Lluís Graner i Arrufí confia à Antoni Gaudí, en plus de la rénovation de la salle de cinéma Mercè de la Rambla, la construction de sa maison de Sant Gervasi de Cassoles, dans l’actuel quartier barcelonais de La Bonanova. L’architecte conçut un pavillon aux formes douces, couronné par une croix à quatre bras, à mi-chemin entre les pavillons d’entrée du parc Güell et la maison Batlló dont il avait commencé la construction. Les travaux commencèrent, mais le projet fut paralysé à cause des problèmes économiques que connut Lluís Graner. On ne construirait donc que l’enceinte et la porte d’entrée du jardin, deux éléments en pierre et aux formes sinueuses qui disparurent il y a de nombreuses années.
DÉCORATION, MOBILIER ET DESIGN
Découvrez les petits secrets de leur travail
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23 exemples
Pupitre de travail
(1878)
Barcelona
Gaudí conçut sa propre table de travail à la fin de ses études, après avoir dessiné un minutieux plan préalable dans son cahier d’étudiant. Le pupitre intégrait une fermeture coulissante et des armoires latérales suspendues qui contribuaient à assurer son équilibre. Ceci étant, le domaine dans lequel il excellait était la décoration animale et végétale, avec des représentations de plantes aquatiques, d’oiseaux, de serpents et d’insectes. Ce meuble, fait de bois et de métal, fut fabriqué dans les ateliers d’Eudald Puntí et Llorenç Matamala, et fut installé dans le bureau de Gaudí situé carrer del Call. L’architecte l’emporta plus tard dans son atelier de la Sagrada Família où il fut détruit dans l’incendie de 1936.
Meubles et édicule pour le premier Marquis de Comillas
(1878-1881)
Chapelle-panthéon de Sobrellano et jardins de la propriété du marquis de Comillas. Comillas (Cantabrique)
Impressionné par le travail que Gaudí avait réalisé sur la vitrine de la ganterie Comella, Eusebi Güell chargea le jeune architecte de créer des meubles pour son beau-père, Antonio López y López, un des hommes d’affaires les plus importants d’Espagne. Antonio López venait de recevoir le titre de marquis de Comillas et, pour célébrer l’événement, avait projeté la construction dans sa ville natale du Palais de Sobrellano et d’une chapelle-panthéon contigüe à ce dernier. Gaudí dessina des bancs, des fauteuils et des prie-Dieu pour la chapelle, qui furent tous ornés de bas-reliefs en pierre avec des formes végétales et animales (dragons, chiens et aigles). La chapelle-panthéon, avec les meubles de Gaudí, furent inaugurés en été 1881 à l’occasion d’une visite de la famille royale à Comillas. Antonio López passa une autre commande à Gaudí pour la même occasion : la construction d’un édicule pour décorer les jardins de sa propriété, dans la ville cantabrique, que l’architecte réalisa en utilisant une structure faite de bois, fer et verre d’influence orientale. Après le décès du premier marquis de Comillas en 1883, l’édicule fut transféré dans la propriété des Güell à Les Corts (ancienne localité qui fait aujourd’hui partie de Barcelone) où il restera jusqu’à sa disparition.
Réverbères pour la Municipalité de Barcelone
(1878)
Plaça Reial, Passeig Nacional et Pla de Palau. Barcelone
La ville de Barcelone chargea Antoni Gaudí le 18 février 1878, par l’intermédiaire de l’architecte Joan Martorell i Montells, de créer un modèle de réverbère à gaz destiné à la voie publique. Récemment diplômé, Gaudí présenta en juin suivant son projet qui comprenait deux modèles de réverbères : un modèle à six bras et un autre à trois bras. Bien qu’elle eût prévu d’installer les réverbères à de nombreux endroits de la ville, la municipalité décida finalement de n’installer que deux réverbères à six bras sur la plaça Reial, qui seraient inaugurés en septembre 1879. Onze ans plus tard, elle installerait quatre unités supplémentaires, à trois bras chaque fois, deux sur le Pla de Palau et deux sur le Passeig Nacional. Ces deux derniers seraient retirés au début du XXe siècle. Les réverbères de Gaudí combinent une base en marbre avec une structure en fer forgé qui met en évidence l’utilisation de la polychromie dans des tons dorés, rouges et bleus. Le jeune architecte renforça l’aspect monumental des réverbères en les dotant d’éléments symboliques tels que le blason de Barcelone représenté au milieu du fût ou un couronnement comprenant une couronne inversée, dans les modèles à 3 bras, et un serpent avec un caducée ailé, symbole de Mercure, le dieu protecteur du commerce, dans les modèles à 6 bras.
Étendard et décoration pour la Coopérative ouvrière de Mataró
(1874-1885)
Mataró
À côté de ses différentes réalisations architecturales, Gaudí exécuta deux projets de décoration pour la Coopérative ouvrière de Mataró. Il dessina en 1884 l’emblème de la coopérative textile sur lequel un couple d’abeilles (symbole du travail) survole un métier à tisser entouré de fleurs de chardon. Ce dessin est probablement le même que celui qui fut utilisé sur l’étendard de la coopérative et qui fut brodé par les sœurs Pepeta et Agustina Moreu, professeurs de la coopérative, mais qui a disparu de nos jours. L’enseigne était surmontée d’une abeille en métal, œuvre de Gaudí, qui a pu être conservée de nos jours. Gaudí se chargea également de la décoration de la salle de blanchiment de la coopérative qu’il avait construite lui-même, en prévision d’une fête de l’organisation qui se déroula le 27 juillet 1885. Bien qu’aucune photo n’ait été conservée, on sait par les chroniques de l’époque que l’architecte avait décoré la salle à l’aide d’une cascade entourée de végétation.
Vitrine de la ganterie Comella
(1878)
Barcelona-París
Esteve Comella, propriétaire d’une luxueuse ganterie située carrer Avinyó à Barcelone, confia à Gaudí la réalisation d’une vitrine pour exposer ses produits lors de l’Exposition universelle de Paris, qui serait inaugurée en mai 1878. L’architecte créa une structure originale en bois, fer et verre, couronnée par des métaux en forme de végétaux, dans laquelle les gants étaient exposés sur un meuble à étagères. La vitrine de Gaudí suscita un grand enthousiasme auprès des visiteurs et l’établissement Comella reçut une médaille d’argent à l’exposition. Ce petit bijou exposé à Paris eut de nombreux admirateurs dont l’industriel catalan Eusebi Güell i Bacigalupi qui, à son retour à Barcelone, voulut faire la connaissance du jeune créateur de la vitrine. Présentés par Esteve Comella à l’atelier de menuiserie d’Eudald Puntí, Gaudí et Güell se lièrent très rapidement d’amitié et commencèrent une relation professionnelle fructueuse.
Autel et décoration de l’église de Jesús Maria de Sant Andreu del Palomar
(1879-1881)
Paroisse de Sant Pacià et Collège de Jesús Maria de Sant Gervasi. Barcelone.
Lorsque sa sœur mourut en 1879, Antoni Gaudí prit en charge la fille de celle-ci, Rosa Egea, et l’inscrivit au collège de Jesús Maria de Tarragone. Le contact avec cet ordre religieux aboutirait à quelques commandes pour l’architecte. La première commande qu’il termina fut la réalisation de différents éléments pour l’église du collège de Jesús Maria de Sant Andreu del Palomar, ancienne commune aujourd’hui absorbée par la ville de Barcelone. Pour cette église, construite entre 1876 et 1881, Gaudí conçut à partir de 1879 un autel de style néogothique, une custode d’influence byzantine, un pavement de mosaïque d’inspiration romaine et une série de candélabres muraux. L’autel et la custode disparurent lors de l’incendie qui ravagea le temple pendant la Semaine Tragique de 1909. L’église, aujourd’hui paroisse de Sant Pacià, ne conserve de nos jours qu’une partie de la mosaïque réalisée avec des morceaux de marbre, de verre et de terre cuite de différentes couleurs, qui représentent des formes géométriques et des fleurs. Les candélabres ont également été conservés, dans ce cas au Collège de Jesús Maria de Sant Gervasi de Cassoles, où ils furent transférés par les religieux en 1890, lors de la vente du collège de Sant Andreu del Palomar aux frères maristes. Il s’agit d’originales appliques en bois doré dans lesquelles la bougie est tenue dans la bouche ouverte d’un dragon ailé.
Décoration de la pharmacie Gibert
(1879)
Passeig de Gràcia, 2. Barcelone.
Antoni Gaudí reçut en 1879 la mission de décorer la pharmacie de Joan Gibert Casals grâce à l’intervention d’Eusebi Güell qui, à l’instar de Gibert, avait des origines familiales à Torredembarra, ville de la province de Tarragone. Gaudí conçut pratiquement tous les éléments suivants pour la pharmacie du passeig de Gràcia de Barcelone, qui a disparu il y a plusieurs décennies : l’enseigne supérieure portant le nom du propriétaire, deux panneaux situés sur les côtés de l’entrée avec des reliefs de serpents, symbole de la médecine, la porte en verre et les buffets latéraux ornés d’une décoration végétale, un élégant banc en bois sculpté et un comptoir en marqueterie arborant des figures géométriques. L’ensemble constituait un exemple précoce de la maîtrise que possédait Gaudí dans la création de meubles en bois.
Autel de la chapelle de Jesús Maria de Tarragone
(1880-1884)
Chapelle de Jesús Maria de Tarragone. Tarragone (Tarragonès)
L’autel de la chapelle du collège de Jesús Maria de la ville de Tarragone est la seule œuvre que Gaudí exécuta dans sa province natale. C’est une des deux commandes qu’il reçut de cet ordre religieux auquel l’architecte confia l’éducation de sa nièce après avoir assumé sa tutelle. L’intervention de l’architecte dans la chapelle commença après la bénédiction de celle-ci, en décembre 1879, par le vicaire Joan Baptista Grau i Villaspinós, qui deviendrait l’évêque d’Astorga et chargerait Gaudí de la construction du Palais épiscopal de la ville de León. D’une belle polychromie, l’autel de Gaudí est exécuté en albâtre et en marbre, et présente sur la face avant trois anges en relief qui se détachent sur un fond bleu avec des étoiles dorées. A l’arrière, deux escaliers en marbre mènent à l’imposante custode cylindrique réalisée en bois doré et comprenant deux anges sur les côtés. Gaudí dessina également pour la chapelle un ensemble de fauteuils qui disparurent en 1936, au début de la guerre civile, tout comme la custode, qui serait toutefois récupérée par la suite.
Éléments décoratifs destinés aux jardins de la Finca Güell
(1884-1885)
Avinguda Diagonal. Barcelone
Outre le fait de rénover le manoir et de projeter l’enceinte et les pavillons d’entrée, Antoni Gaudí dessina pour la propriété d’Eusebi Güell, à Les Corts et Sarrià, quelques éléments décoratifs et d’agrément des jardins dans lesquels il se chargea également de planter des arbres et des arbustes méditerranéens. L’architecte construisit deux miradors situés l’un sur l’enceinte de la propriété et l’autre sur le toit de la maison, une pergola présentant des fers de forme parabolique et deux fontaines dédiées l’une à sainte Eulalie et l’autre à Hercule. Ces éléments s’ajoutaient à l’édicule oriental construit en 1831 pour les jardins du palais d’Antonio López, à Comillas, qui avait été transféré en 1883 dans la propriété Güell. Exception faite de la fontaine d’Hercule, qui est conservée de nos jours, toutes ces réalisations disparurent pendant le premier tiers du XXe siècle, lors de la transformation de la propriété en Palais royal, moment où fut également supprimé un manège que Gaudí avait construit à l’intérieur des jardins.
Autel destiné à l’oratoire Bocabella
(1885-1890)
Carrer Mirambell, 4. Barcelone
Le libraire Josep Maria Bocabella i Verdaguer, promoteur de la construction du temple de la Sainte Famille, demanda en 1885 à Antoni Gaudí de dessiner un autel pour sa maison. Bocabella obtint une autorisation papale pour célébrer la messe dans son oratoire privé à la fin 1890, date à laquelle l’autel devait être achevé. Cette pièce appartient aujourd’hui à un collectionneur particulier. L’autel est en bois d’acajou et présente des motifs végétaux aussi bien sur les pieds qui soutiennent la table que sur la prédelle du retable. L’autel abrite une cavité destinée à conserver des reliques. Au milieu du retable se trouve un tabernacle avec trois anges et une porte garnie d’un damasquin portant les lettres alpha et oméga. Le retable est complété par les portraits de saint François de Paul, sainte Thérèse de Jésus et la Sainte Famille, qui sont couronnés par une frise de feuilles en tissu et en bois.
Mobilier de la crypte de la Colonie Güell
(1913-1914)
Carrer Claudi Güell. Colònia Güell. Santa Coloma de Cervelló (Baix Llobregat)
Gaudí crée quelques éléments du mobilier de l’église de la Colonie Güell avant d’abandonner ces travaux en octobre 1914. La crypte terminée, il projette de meubler la nef inférieure en prévision de sa future ouverture au culte, qui se produira finalement en novembre 1915. Gaudí conçoit la porte de la sacristie et les bancs destinés aux fidèles, œuvres exécutées par les menuisiers de la Colonie Tomàs et Enric Bernat. L’architecte est également l’auteur des insolites bénitiers du temple, réalisés avec de grandes coquilles marines provenant des Philippines et soutenues par des supports en fer forgé. Les autres meubles et éléments liturgiques de la crypte seront installés après que Gaudí aura abandonné les travaux.
Mobilier destiné à la Saint Famille
(1885-1926)
Carrers Mallorca, Marina, Provença et Sardenya. Barcelone
Antoni Gaudí dessina quelques meubles et objets liturgiques pour le temple de la Sainte Famille, dont la plupart étaient destinés à la crypte, où la première messe serait célébrée le 19 mars 1885, même si on ne la célébrerait pas de façon régulière avant 1890 et si l’église ne deviendrait une propriété paroissiale qu’en 1907. Par ailleurs, l’architecte dirigea et supervisa les travaux de décoration des neuf chapelles de la crypte, avec leur autel correspondant, et des portes d’accès à la sacristie. En ce qui concerne le mobilier, Gaudí dessina des bancs et des chaises, des armoires de la sacristie, un confessionnal et une chaire portative, qui furent tous élaborés par le menuisier, Joan Munné. Il exécuta d’autres éléments liturgiques en fer forgé et en bronze comme des pupitres, des lampes pour la chapelle de saint Joseph et un grand candélabre ténébreux. Pour le bénitier, Gaudí utilisa une grande coquille marine, comme il le fit dans la crypte de la colonie Güell. Certains de ces objets disparurent lors de l’incendie qui ravagea la crypte de la Sainte Famille, en 1936, au début de la guerre civile.
Chaires pour l’église Santa Maria de Blanes
(1912)
Plaça de l’Om Blanes (la Selva)
Antoni Gaudí réalise deux chaires pour l’église Santa Maria de Blanes à la demande du journaliste Joaquim Casas, frère du célèbre peintre moderniste Ramon Casas. Ces deux chaires hexagonales sont décorées en fonction de leur situation dans l’église. C’est ainsi qu’il décore la chaire installée du côté de l’évangile avec les noms des quatre évangélistes et la colombe du Saint-Esprit. L’autre chaire, située du côté de l’épître, présente les noms des quatre apôtres qui ont écrit les épîtres et des représentations des vertus théologiques et de la flamme de la Pentecôte. Les deux chaires sont détruites dans un incendie qui ravage l’église en juillet 1936, au début de la guerre civile.
Décoration et mobilier du Palais Güell
(1888-1890)
Carrer Nou de la Rambla, 3-5. Barcelone
L’inauguration officielle du Palais Güell fut célébrée en 1888 afin de la faire coïncider de façon symbolique avec l’Exposition universelle de Barcelone. L’édifice n’était cependant pas terminé à cette date et il fallut attendre encore deux ans avant de conclure les travaux et d’achever les ouvrages de décoration et d’ameublement. Pour réaliser ces derniers, Güell et Gaudí comptèrent sur la collaboration de certains des principaux artistes et artisans de l’époque tels l’architecte Camil Oliveras, qui réalisa la salle à manger et quelques cheminées, le peintre Aleix Clapés, auteur des peintures du salon, ou le décorateur Francesc Vidal, à qui Güell commanda la plupart des meubles. Même s’il s’agissait d’un travail collectif, Gaudí supervisa toute la décoration du Palais Güell et conçut lui-même de nombreux éléments qui portent clairement sa signature. Il faut souligner les grilles en fer forgé des arcades paraboliques de l’entrée et de la fenêtre de la conciergerie, exécutées par Joan Oñós, les lambris de l’intérieur qui ont à la fois une fonction décorative et structurelle, réalisés par Eudald Puntí, et les cheminées paraboliques des chambres à coucher. En ce qui concerne les meubles, Gaudí dessina une chaise longue pour l’épouse de Güell et, pour la fille aînée de celle-ci, une coiffeuse présentant une esthétique clairement moderniste. Ces deux meubles ne se trouvent plus aujourd’hui dans le Palais Güell.
Réverbères de la plaça major de Vic
(1910)
Plaça Major Vic (Osona)
Au printemps 1910, Antoni Gaudí fait un séjour de repos à Vic en compagnie du père jésuite Ignasi Casanovas. Son passage par la capitale d’Osona coïncide avec les préparatifs de la célébration du centenaire de la naissance du philosophe local Jaume Balmes. Les organisateurs demandent à l’architecte des idées pour fêter cet événement. Gaudí propose de restaurer la maison natale de Balmes et d’installer une fontaine et deux réverbères sur le Mercadal, la grand place de Vic. Finalement, seuls les réverbères sont exécutés selon les plans de l’architecte et sous la direction de son disciple Josep Canaleta. Ils sont inaugurés le 7 septembre 1910 et demeureront sur la place jusqu’en août 1924 lorsqu’ils seront démontés. Les réverbères de la place de Vic étaient des structures monumentales, bâties avec des blocs de pierre de basalte unis par des colliers en fer. Ils étaient surmontés de croix à quatre bras en fer. Les lampes étaient soutenues par des bras en fer qui ressemblaient à des branches et qui, dans un des deux réverbères, soutenaient également des plaques métalliques indiquant les dates de naissance et de décès de Jaume Balmes.
Mobilier de la Casa Calvet
(1899-1900)
Carrer Casp, 48. Barcelone
La construction de la maison Calvet étant terminée, Gaudí dessina pour ses propriétaires un ensemble de meubles qui seraient fabriqués à l’atelier Casas i Bardés. L’architecte créa, pour le logement de la famille Calvet, les divans, les fauteuils et les chaises du salon principal ainsi que deux miroirs pour le hall et les chaises de la salle à manger. Si les meubles du salon, fabriqués en bois doré avec de la forge et revêtus d’une tapisserie de panne de velours, appartiennent encore au style des premières créations de Gaudí, les miroirs du hall et les chaises de la salle à manger, en chêne taillé et aux lignes sinueuses, révèlent déjà la facette la plus audacieuse de l’architecte en tant que créateur. On retrouve les mêmes formes organiques sur les meubles des bureaux commerciaux des Calvet, au rez-de-chaussée. Il s’agit d’un excellent ensemble de secrétaires et de sièges ergonomiques dont les formes annoncent l’esthétique surréaliste.
Premier mystère de gloire du rosaire monumental de Montserrat
(1907)
Camí de la Santa Cova. Montserrat (Bages)
Le chanoine de Vic, Jaume Colell i Bancells, proposa en 1893 l’érection d’un rosaire monumental entre le monastère et la sainte grotte de Montserrat, qui serait financé par des particuliers et par des confréries catholiques. Le projet, qui débuta en 1896 et serait terminé vingt ans plus tard, supposa la construction de quinze ensembles sculpturaux représentant les quinze mystères de la Vierge. Fin 1900, Antoni Gaudí se vit confier la direction du premier mystère de gloire, qui fait allusion à la résurrection de Jésus-Christ et serait financé par la Ligue spirituelle de la Mère de Dieu de Montserrat, fondée par Josep Torras i Bages, évêque de Vic et ami personnel de l’architecte. Gaudí créa un ensemble sculptural intégré dans l’environnement avec une grotte creusée dans la roche où un ange et trois Marie veillent le tombeau de Jésus, tandis que ce dernier, ressuscité, apparaît en haut du mur extérieur. Les travaux du mystère ne commencèrent pas avant le printemps 1907 à cause de problèmes financiers. Gaudí y renoncerait quelques mois plus tard lorsqu’ils furent interrompus en raison de nouvelles difficultés économiques, alors que seule la grotte avait été creusée et la sculpture du Christ, œuvre de Josep Llimona i Bruguera, avait été installée. L’ensemble serait complété entre 1913 et 1916 par un autre architecte, Jeroni Martorell i Terrats, et les figures manquantes seraient exécutées par le sculpteur Dionís Renart i Garcia.
Étendard des citoyens originaires de Reus résidant à Barcelone
(1900)
Reus (Baix Camp)
Un pèlerinage au sanctuaire de la Vierge de la Miséricorde de Reus eut lieu le 22 avril 1900 afin de célébrer le changement de siècle. Gaudí y participa en tant que membre du groupe des citoyens de Reus résidant à Barcelone, dans un cortège emmené par un étendard dessiné par le propre architecte. Il s’agissait d’une tige de bambou comprenant des pièces de métal, couronnée par une croix et une Vierge de la Miséricorde en aluminium. Au-dessous, l’enseigne en cuir repoussé montrait à l’avant une image de la bergère Isabel Besora, à qui, selon la tradition, la Vierge était apparue en 1592, et, à l’arrière, la rose de Reus sur un blason de Catalogne. L’ensemble était entouré d’un chapelet de grains en aluminium et en bronze. On exhiba une cinquantaine d’étendards lors de la procession dont trois furent donnés en offrande à la Vierge. Un de ces étendards, qui disparut en juillet 1936 dans l’incendie du sanctuaire de la Miséricorde, était celui de Gaudí.
Étendard de la corporation des serruriers et des forgerons de Barcelone
(1906)
Barcelone
Antoni Gaudí a fait appel dans toutes ses œuvres aux services de certains des forgerons les plus connus de Barcelone comme Joan Oñós et les frères Lluís et Josep Badia. Cette collaboration a permis à l’architecte d’entretenir de bonnes relations avec la corporation des serruriers et des forgerons de la capitale catalane. Le comité directeur de la société corporative lui demanda en 1906 de créer son étendard, ce que fit Gaudí en dessinant une enseigne sur laquelle l’image brodée de Sant Éloi, patron de la corporation, se détachait sur un fond vert. L’étendard, qui disparut en 1936, comptait également un blason de Barcelone d’où pendaient des rubans aux couleurs du blason de la Catalogne.
Étendard de l’Orphéon Feliuà
(1900)
Sant Feliu de Codines (Vallès Oriental)
L’entrepreneur textile Emili Carles-Tolrà i Amat demanda en 1900 à Antoni Gaudí de créer un étendard que sa tante, la marquise de Sant Esteve de Castellar, voulait offrir à l’orphéon, une association chorale qui venait d’être fondée à Sant Feliu de Codines. Réalisé avec du liège, des pièces en laiton et des rubans en cuir, l’étendard dessiné par Gaudi présente de curieux détails symboliques comme la forme arrondie sur laquelle figure le nom de l’orphéon, en allusion au martyre de Sant Feliu sur une roue de moulin, ou les pommes de pin qui pendent des rubans, en souvenir de l’ancien nom de la ville : Sant Feliu del Pinyó.
Décoration et mobilier liturgique pour la cathédrale de Majorque
(1904-1914)
Plaça de la Seu. Palma de Majorque (îles Baléares)
Dans le cadre de la restauration de la cathédrale de Majorque, Antoni Gaudí ne se limite pas à redistribuer de façon magistrale l’espace intérieur du temple car il dirige également la décoration de certains espaces ainsi que la création de différents éléments liturgiques. L’architecte ceint le presbytère d’une belle grille en fer forgé. Il y entoure l’autel de quatre colonnes décorées en fer forgé et pose sur l’ensemble un spectaculaire baldaquin suspendu au plafond d’où pendent à leur tour une série de lampes à huile. Dans la chapelle royale, il décore un mur avec des revêtements céramiques, qui représentent les blasons des évêques de Majorque, et pose des vitraux polychromes dans la rosace et dans deux baies vitrées. Dans la nef centrale, il adosse deux nouvelles chaires aux deux premières colonnes et installe des candélabres en fer forgé sur les autres. En ce qui concerne le mobilier, il faut souligner un escalier pliable menant à l’exposition du Saint-Sacrement, qui est réalisé en fer forgé et en bois et qui est muni d’élégantes rampes courbes. Gaudí crée également des bancs pour les célébrants de l’autel, des tabourets, un faldistoire et un lutrin.
Décoration et mobilier de la maison Batlló
(1904-1906)
Passeig de Gràcia, 43. Barcelone.
À l’intérieur de la maison Batlló, Antonio Gaudí ne se limitera pas à redistribuer les espaces existants d’une façon tout à fait fonctionnelle car il en décorera tous les recoins. L’architecte recouvrira les murs et les plafonds de plâtre et leur donnera de sinueuses formes organiques. Il combinera le bois et le verre sur les portes et les fenêtres en obtenant des résultats d’une haute plasticité. Les détails décoratifs originaux de la maison Batlló atteignent toute leur splendeur à l’étage principal des propriétaires. Il faut souligner l’escalier du hall privé des Batlló, qui rappelle les vertèbres d’un animal, une cheminée en forme de champignon ainsi que l’ensemble du salon principal comprenant des baies vitrées et des portes décorées de vitraux de couleur avec une série de surprenantes armoires encastrées dont une abritait, à l’origine, l’oratoire de la famille et des objets liturgiques exécutés par les collaborateurs de Gaudí. Dans la salle à manger, l’architecte se chargea personnellement de dessiner tous les meubles, y compris un ensemble fascinant de chaises et de bancs ergonomiques en chêne.
Salon arabe du Cafè Torino
(1902)
Paseo de Gràcia - Gran Via. Barcelona
Le 20 septembre 1902, l’entrepreneur italien Flaminio Mezzalana ouvrit le Café Torino sur un des coins de rue les plus en vue de la zone d’expansion de Barcelone. C’était un établissement fastueux où l’on pouvait déguster le vermouth Martini & Rossi dont il était le distributeur en Espagne. Le nouveau local, qui deviendrait vite le lieu de rencontre de prédilection de la bourgeoisie locale, intégrait des luxes en tout genre. Ricard de Capmany, le décorateur qui dirigea le projet, y travailla avec des collaborateurs de renom comme les architectes Josep Puig i Cadafalch et Pere Falqués i Urpí, ou le sculpteur Eusebi Arnau i Mascort. Malgré le succès qu’il connut au début, le Café Torino disparaîtrait peu avant d’atteindre ses dix ans d’existence. Antoni Gaudí dessina la décoration d’un salon arabe pour le Café Torino. Il créa les motifs des lambris en bois et les carreaux qui recouvraient les murs et le plafond. Ces carreaux étaient fabriqués en carton pressé et verni, une nouvelle technique qui avait été mise au point par Ermenegild Miralles, l’éditeur pour lequel Gaudí construisait à cette époque l’enceinte et le portail de sa propriété.
BIOGRAPHIE
Connaissez-vous l’histoire personnelle d’Antoni Gaudí ? Dans les murs interactifs de Gaudí Experiència, vous aurez accès à toute la biographie et l’œuvre du grand architecte du Modernisme catalan et vous pourrez connaître les événements clés de la vie de l’architecte, du Modernisme catalan et ce qui se passait dans le monde à ce moment-là, à travers une ligne temporelle.
Antoni Gaudí i Cornet naquit le 25 juin 1852 dans la région de Camp de Tarragone. Certaines sources affirment que ce fut dans la ville de Reus qu’il il fut baptisé, et d’autres, qu’il vint au monde dans le mas de la Calderera de Riudoms, une localité voisine dont les parents étaient originaires. Son père et ses grands-parents étaient chaudronniers, et comme Gaudí l’affirma plus tard, c’est en observant sa famille travailler qu’ il acquit cette habileté spéciale pour traiter l’espace en 3 dimensions. Enfant maladif, Gaudí fut obligé de passer de longues périodes de repos dans le mas de Riudoms. Là-bas, il consacrait des heures et des heures à contempler la nature et à en tirer des leçons. Cela se reflètera plus tard dans son œuvre architectonique.
Après avoir réalisé ses études secondaires chez les Escolapios de Reus, en 1869, Antoni Gaudí déménagea à Barcelone avec son frère aîné. Dans la capitale catalane, il passa son bac et en 1873, il s’inscrivit à l’Escuela Provincial de Arquitectura. Tout en étant un étudiant assez irrégulier, il manifestait déjà certaines démonstrations de génie et il commença à collaborer avec quelques professeurs. Une fois ses études d’architecture achevées, en janvier 1878, Gaudí s’établit à son propre compte dans son propre atelier. Quelques mois plus tard, il fit la connaissance de l’industriel Eusebi Güell i Bacigalupi, ce qui marquera un point crucial dans sa carrière professionnelle. Il se lia tout de suite d’amitié avec lui et ils collaborèrent ensemble professionnellement, tout au long de leur vie. La plupart des œuvres de Gaudí furent commandées par son client le plus enthousiaste, Eusebi Güell.
L’ascension de Gaudí comme un des architectes les plus remarquables de la première génération moderniste fut fulgurante. Lors de la dernière décennie du XIX siècle, en achevant le Palace Güell, il était déjà devenu un des auteurs les plus renommés de Barcelone. Avec cette œuvre, Gaudí boucla sa première étape de jeunesse, marquée par une révision personnelle de l’architecture gothique et musulmane, où l’on inclut les bâtiments suivants : la Maison Vicens, Le Caprice, les pavillons de la Finca Güell, la crypte de la Sagrada Familia, l’École des Teresianas ou le Palais Épiscopal d’Astorga. Depuis 1890, Gaudí perfectionna la maîtrise de l’espace architectonique et les arts appliqués jusqu’à transformer son œuvre en quelque chose d’unique, d’insolite, d’incomparable avec le reste de l’architecture moderniste de l’époque. Il s’agissait de l’étape mûre de Gaudí, où les chefs d’œuvres se succédaient les uns après les autres : la Tour Bellesguard, le parc Güell, la restauration de la Cathédrale de Majorque, l’église de la Colonie Güell, la Maison Batlló, la Pedrera et la façade de la Naissance de la Sagrada Familia.
La splendeur de l’architecture de Gaudí vint accompagnée d’un repli progressif dans le domaine personnel. Gaudí s’éloigna de plus en plus de la vie sociale, et il développa, en même temps, un fort sentiment religieux. En 1914, il abandonna toutes ses œuvres pour se concentrer sur le projet de la Sagrada Familia. Il voulait avancer son travail pour les futures générations, puisqu’il était conscient qu’il ne la verrait jamais achevée. Effectivement, Gaudí ne vit qu’une des tours achevée. Le 10 juin 1926, l’architecte, après avoir été renversé par un tramway, mourut des suites de ses blessures. Au bout de deux jours, il fut enterré dans la Sagrada Familia, en présence de foules immenses : une grande partie des Barcelonais sortirent pour rendre hommage à l’architecte le plus génial et universel de la ville.
AÑO A AÑO
1873-1877
Mientras estudia arquitectura, Gaudí colabora profesionalmente con algunos de sus maestros y recibe sus primeros encargos. También visita con frecuencia los talleres del ebanista Eudald Puntí y del escultor Llorenç Matamala, en la calle de la Cendra de Barcelona. Ambos artistas, que se convertirán en fieles colaboradores de Gaudí, le enseñan los secretos de las artes aplicadas a la arquitectura.
1873-1877
Mientras estudia arquitectura, Gaudí colabora profesionalmente con algunos de sus maestros y recibe sus primeros encargos. También visita con frecuencia los talleres del ebanista Eudald Puntí y del escultor Llorenç Matamala, en la calle de la Cendra de Barcelona. Ambos artistas, que se convertirán en fieles colaboradores de Gaudí, le enseñan los secretos de las artes aplicadas a la arquitectura.
1873-1877
Mientras estudia arquitectura, Gaudí colabora profesionalmente con algunos de sus maestros y recibe sus primeros encargos. También visita con frecuencia los talleres del ebanista Eudald Puntí y del escultor Llorenç Matamala, en la calle de la Cendra de Barcelona. Ambos artistas, que se convertirán en fieles colaboradores de Gaudí, le enseñan los secretos de las artes aplicadas a la arquitectura.
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